Recherché par l’Abîme,

Car je suis mort en cette vie et par cela ait pu renaître.
Le corps allongé parmi les ombres de la Tour du Silence.
Car sous cette Toile que tu lis j’ai déployé un Océan de Vide sur un horizon de lumière stellaire.
Un ouragan d’Infini dont l’Oeil qui veille trace à jamais son rimage sur les cercles sans fin
Et fait résonner les cloches de l’inconnaissance dans le ventre avide de ses profondeurs.
Quels mots alors s’échappent et soufflent à cette magie ?
Elle, qui prend sa source au seuil des possibles et des tréfonds de sa présence
lance un appel qui ne va nulle part que de l’Abîme à Son Abîme.

Que s’ouvrent les failles et qu’on entende qu’il résonne l’appel, un appel beaucoup trop grand pour être compris dans ces quelques mots, un appel que nul homme n’a pu entendre et qui laisse sans voix sur le seuil de toute vie. Le même qui forgea des eaux le ramage et les roues du chariot d’Ezekiel et qui ouvre grand devant lui la porte de toutes les ivresses dans le coeur des hommes. Confondus dans une traversée soudaine louant le renouvellement de l’existence devant celle qui, d’Isis ou d’Astarté, de Babalon ou Kali, écarte son voile devant le seuil.

Que l’orage s’étreigne et que foudroie l’éclair dans la fente de la Nuit et que de l’antre de ses cuisses s’écoule le nectar divin ; et de ses seins, abondance de délices, la langueur de la nuée qui fait le lait des étoiles. Ô prostituée céleste, ô dame de la Nuit, permets que sur le trône soit remise la fille du roi et que dans le palais du fou l’on chante l’arrivée du matin.
Doux parfum de sueur, le feu rougeoie dans la caverne, la flamme-serpent au dedans.

Et, alors que l’aube se lève et que sur les parois se forme la rosée, que la terre fraîche recouvre mes os, les aigles au dehors chantent la Victoire de Babylone, qui dans la coupe de sa libération a concentré en son extase le sang de la vie et les excès de la Manifestation.


Kazim