_DERIVES ET LOAS SUBJECTIFS -



Nous souhaitons ici, avec Inila/coach/Mulder ouvrir un nouvel « espace astral » ou « temple» fonctionnant sur des principes différents de ce qu’a pu donner le précédent.

Souhaitant partager notre expérience en la matière en vue d’élargir notre auto-liturgie nous commencerons donc par exposer les principes selon lesquels s’est articulée la mise en place de ce que nous préférons nommer « prairie » (nous y reviendrons, rien de bien champêtre là dedans).

Notre posture s’est construite selon deux principes :

Le premier principe est la découverte de ce que nous nommons, d’un commun accord, et fort librement sûrement nos loa’mait’tête :

Le principal but du laver-tête (baptême initiatique vaudou) est d’ un lien particulier et permanent entre le néophyte et un loa et correspond au placement du « loa’mait’tête ». Dorénavant le novice est consacré à un esprit particulier qui sera son protecteur et qui « dansera dans sa tête » plus fréquemment que les autres loa. […] Malgré les droits qu’il possède, le loa mait’tête ne s’offusque pas si d’autres loas s’incarnent en celui-ci.

Métraux - Le Vaudou Haïtien p.179

N’étant ni houmfo ni des puristes en matière « magique », nous avons découvert nos loa’mait’tête par voie spirite. Au bout de quelques séances communes, deux entités entretenant un genre de glossolalie se sont présentées comme nos protectrices/collègues/armes/aspects sous la forme de « loups noirs ». Ces deux loups noirs, d’après leurs enseignements représenteraient deux aspects de nos personnes respectives. L‘un mâle, sous la forme d’un loup noir et sec, hantant le subconscient de Inila/coach/Mulder portant le nom d’Hotouob, et le second, à polarité féminine rattaché à moi, baptisé Hijigop, manifesté à moi plus tôt dans ma vie sous la forme d‘une chienne.

Les loups peuvent être définis, toujours selon eux, comme entités attachées par une instance supérieure et absolue désignée par le terme générique de « La Loi » en vue d’une réalisation spirituelle marquant un retour à cette dernière que les loups désignent également fort aisément comme Néant. Ces loups représenteraient donc une certaine « frange » des entités/daïmons rattachés aux êtres peuplant notre distorsion de réalité en vue de :
« la constatation de La Loi par Elle-Même ».

Il serait ici déplacé, sûrement, de parler de karma, néanmoins, les loups noirs revendiquent bel et bien un retour de l’âme fondant l’expérience de soi, marquant et impliquant les entités des deux rangs engendrant une expérience commune de La Loi. Ce conduisant soit à un dépassement des « plans » ou illusions de réalité occupés par les uns et les autres, soit à une régression menant respectivement à une réunion avec le principe premier ou à une dissolution dans l’énergie noire et fondamentale représentés par La Loi. A ce titre, l’image de la prairie est directement liée à un aspect d’Inila/coach/Mulder. La prairie est devenue , en conséquence le cadre symbolique de son expérience, mais reste une image parmi une multitude de possibilités.

La manifestation des loups représenterait en elle-même une transgression de La Loi que La Loi impose comme nécessaire (Le péché est indispensable avant Dieu. Comme dit zombie/Raspoutine) afin de réunifier deux aspects d’une genre de mémoire de cette dernière par ses créatures. Cette étape est désignée par Hotouob par l’intitulé « réunification » qui vise, en premier lieu, une fusion passant par la différenciation des instances de notre psyché, dont la clef demeure cet apport occulte qu’offre le contact avec le loups ou loa’mait’tête.

Il va de soi que la forme du « loup » n’est ici qu’illustrative. Hijigop s’est manifestée à moi en tant que chienne récurrente au sein de mon illusion de réalité ou dans des épisodes oniriques mais peut tout aussi bien se présenter sous les traits d’une vieillarde obscène et distante, d’une quadragénaire slave ou d’une voie ferrée.

La forme du loup est avant tout due à notre fascination commune pour l’arcane (au sens premier) XVIII du tarot :

Et semble avoir servi de trame à la manifestation des entités en question.
Néanmoins, il ne s’agit en aucun cas, ici, de fixer une « forme » mais simplement d’illustrer par le biais de notre propre expérience, la manifestation de ce type d’entité. Nous l’avons par exemple identifié de façon naturelle au topic malheureusement effacé de Necro Spiritual à propos de son apparition d’Anubis.

Ces entités assument l’aspect dont le démiurge de la pourriture ( "nous sommes inaptes à la réalité et vous aussi" Hotouob-9/03/2008) a besoin. Aussi, l’élargissement de notre prairie, semble t il approuvé par nos propres loa’mait ‘têt’, nécessite la manifestation libre et sincère des loa’têt’ des participants. C’est à partir de la transgression nécessaire que pourra se construire la manifestation de la mythologie interne.

"nous sommes chacun à "part de vous" que vous cachez, et il appartient à vous de nous montrer"
Hotouob-09/03/08


Le second qui nous est finalement naturel consistant en ce que beaucoup définissent aujourd’hui comme « dérive », que j’avais envisagé au départ, de mon côté, à partir de la théorie de Debord en conjonction avec bien des aspects de TAZ, et surtout à partir de ce que nous nommons notre « pourriture intrinsèque » désignant par là une pratique erratique, sûrement répandue, quasi quotidienne personnifiant les décorum traversés comme synecdoque de la Loi , ou breloques de Mâyâ, ou encore pour Inila/coach/Mulder, une conjonction de « rêves » au sens chamanique, et que je définis comme interfaces de réalités successives. Qu’importe, l’élargissement de notre prairie nécessite la mise au point des propres de désignations des participants. En substance, les chaotes étant passés, comme toujours, par là, notre forme exploratoire peut se définir comme dérive magique sous certains aspects :

Le terme “dérive”, fut adopté pour la première fois dans ce sens par l’Internationale Situationniste, pour se référer à de longues marches, sans but, autour de nos villages et dans nos villes, réimaginant les tours résidentielles, les monuments et les fontaines publiques comme s’il s’agissait de châteaux de sagesse, de points d'eau susurrante ou de sources d’éternelle jeunesse.

Le but de la dérive était de reconnaître la beauté dans le paysage urbain et de reconquérir du terrain sur la tyrannie de la planification austère et oppressante, à travers le pouvoir transformateur de l’imagination. Par la technique de la dérive, les situationnistes pouvaient changer radicalement leur expérience de la ville et convertir les espaces gris urbains et décadents en paysages magiques remplis de merveilles et d’enchantements sans limites. Malgré cela, ils en arrêtèrent peut-être trop rapidement l’exercice, au lieu de le porter jusqu’à sa conclusion logique.

Une fois pelée l’écorce grise de l’urbanité du monde et découvert un monde magique plein d’esprits, la phase suivante consiste à voir ce que tu peux faire avec cet univers d’esprits et enquêter sur ce qu’ils pourraient également faire pour toi.

La technique de la dérive ne révèle pas seulement une magie, mais aussi tout un processus qui nous y relie. Elle a beacoup d’applications différentes et peut être utilisée dans des contextes trés variés. On peut s’en servir comme d’une méthode de communication directe avec le “genus loci” ou esprit d’un lieu en particulier ou d’une aire géographique plus étendue, ou bien encore comme une façon de dialoguer avec n’importe quelle entité avec laquelle on travaille. Elle peut servir de méthode pour recueillir de puissants ingrédients et matériaux pour les rituels, ou pour chercher des réponses à des questions de divination. Les applications pratiques de la dérive sont nombreuses et le magicien imaginatif en découvrira sans doute une grande quantité. Elle peut être appliquée pratiquement à n’importe quel endroit et à n’importe quel moment ; ainsi, elle est idéale pour les situations où tu n’es pas préparé et où tu veux improviser l’une ou l’autre forme de magie puissante.

Les mécanismes de la dérive sont simples. Tu essaies de marcher entre les mondes pour en ramener quelque chose d’utile. C’est essentiellement un voyage chamanique qui se déroule en temps réel, par opposition au concept de voyage interne (comme les transes au tambour des tribus indigènes, telles que les jivaros). La dérive t’entraîne hors de ton temple bien confortable, pourvu du chauffage central, et elle te place dans un monde comme peu de pratiques occultes le feraient. Tu y portes ta magie vers le monde, dans un sens très réel et très physique.
(source)



Pour ma part, ayant pratiqué la dérive au sein de collectifs, sous le terme « dérive urbaine » je reste sur ma première impression : il existe, à mon sens, "des tempéraments" à dérive, qui ont sûrement plus à voir avec une sensibilité aux « scories » de notre bonne vieille matrice, qu'à une attitude « magique » entrant dans une perspective initiatique strictement ésotérique mais une problématique métaphysique profonde. Ce n’est là qu’un point de vue.

La dérive, au sein de notre prairie, et à la suite de ce fil, n principe, si les candidats cherchent à saisir notre démarche s’ancre dans un environnement urbain, principalement, n’excluant pas des décors dits plus « naturels », mais ne cherchant en aucun cas à célébrer la Nature en tant que divinité vague, bienfaisante ou je ne sais quoi. L’aspect fondamental de cette démarche reste la posture du rêveur : le décor quotidien comme celui qui est propre à la dérive sera considéré comme artifice, scène de s Loa têtes, de la Loi. A ce titre, toutes les digressions à propos de Matrice, plutôt en vogue ces temps derniers, seraient adaptées, en tant que point de départ. Pour ma part je définis définitivement cette posture et la nature même de notre réalité comme suit :

http://fr.youtube.com/watch?v=6LZvcFDI-p4

(signe que la prairie grossit : je viens de remettre la main dessus à l’écriture de ce topic « Merveilleux signe« dit coach/Inila/Mulder).
Pour finir sur la dérive, nous nous contentons de conclure sur l’idée que le moment de dérive « gnostique » n’est finalement idéalement qu’une façon de rentabiliser une posture quotidienne face au monde : pourriture art de rêver ou je ne sais quoi, qu’importe.

La dérive à pour but de dépister de ce que nous nommons, arbitrairement, des Nexus. Il s’agit de lieux de station et de passage, qui frappent par leur beauté, leur laideur, leur étrangeté etc représentant par leur intensité immédiate ou non, des points « limites » de la Matrice de La Loi ou Illusion de réalité. Les nexus représentent les bornes de Mâyâ, des lieux de célébrations et d’exécrations de cette illusion. C’est en grande partie grâce à eux que la construction d’un « temple » ou d’autre chose de « commun » reste possible. Les participants devraient nous présenter leurs rencontres avec leurs propres nexus afin d’enrichir l’expérience et de générer des interactions effectives.
Inila/Coach/Mulder devrait énumérer nos nexus communs plus loin afin d’illustrer notre propos.

Possessions

Notre prairie est augmentée, en plus des nexus dégagés à partir des dérives, de personnages qui nous possèdent pour, ce qui pourrait ne paraître que rire. Nous avons de la sorte rencontré une multitude de personnage récurrents dont par exemple l’agent Mulder doublé de sa Scully, la « copine de Ronan » , « la pimbêche arrogante » plus récemment etc et bien d’autres encore qui ne sont, au fond, que le passage momentanés des reflets de l’illusion que représentent les passants et figurants de la prairie au rang de guédé/ loa, daïmon mineurs lors de la possession, accompagnée ou non de libations sur lesquelles nous reviendrons. Ils célèbrent le grotesque de notre distorsion de façon obscène ou cynique ou encore simplement burlesque et peuvent, à ce titre être rapproché de la figure de Baubo, e tant qu’illustration de ce que ce que ce rire a d’important :


L’histoire de Déméter à Eleusis ayant été calquée sur les rites des mystères pour les expliquer, bien loin qu’elle puisse en être l’origine, on est fondé à croire, puisque les mystes buvaient le cycéon au sortir d’un jeûne, que l’absorption de ce liquide régénérateur était précédée d’un éclat de rire, motivé par quelque exhibition analogue à celle qui avait réussi à dérider la déesse. Dans l’hymne homérique à Déméter, cet épisode est atténué par l’esprit de discrétion et d’euphémisme qui caractérise toute cette littérature déjà courtoise et savante ; mais ce sont encore les bouffonneries non spécifiées d’une femme (appelée Iambé par Homêre) qui arrachent un éclat de rire à la déesse. Les polémistes chrétiens des premiers siècles se sont fort scandalisés de cette histoire, dont ils ont fait un reproche sanglant au paganisme, oubliant qu’il en est d’aussi fâcheuses dans l’Ancien Testament et qu’une religion qui dure et se transforme ne saurait être rendue responsable de quelques survivances grossières d’un lointain passé. Ici encore, on est bien surpris de trouver quelque chose d’analogue dans le Kojiki ou « livre des choses anciennes », publié au Japon, d’après de vieilles traditions orales, en 712. Au milieu du désordre produit par les ravages du dieu des Tempêtes, la « femme terrible du ciel » relève le cordon de son vêtement jusqu’au-dessus de sa ceinture : alors « les 800 myriades de dieux rient en même temps ». Cette curieuse analogie m’a été obligeamment signalée par M. Marcel Hébert [35].


Voir le Rire Rituel ici pour plus d’explications : http://www.psychanalyse-paris.com/Le-rire-rituel.html

Libations


L’alccol reste, pour notre part, la façon la plus simple et la plus accessible d’entrer en état de gnose. Nous y ajoutons l’insomnie, d’autres stupéfiants, mais restons attachés au mythe de l’alcoolémie transcendantale, variable en fonction des goûts, de la capacité, de l’état physique et financier. La prise d’eau de feu, en soi n’a pour aspect sacré que le sacrifice systématique d’un peu du liquide à La Loi en versant, sans autre démarche rituelle qu’un genre de geste systématique, sur ce qui se présente au hasard des dérives . L’ivresse ici en jeu à très peu à voir avec une posture dionysiaque mais reste une façon de ravager l’appréciation de l’espace au cours de la marche et de libérer les loa/daïmon etc des entraves imposées par le siècle. Au demeurant, le vomissement ou tout autre retombée psycho physiologique due à l’alcool sont pleinement inclues dans l’expérience. Le rêve ne s’arrête pas avec l’ivresse. Ceci étant, il s’agit pour nous d’une composante rituel, il n’est en rien exemplaire.

Hymnes et chants

Un hymne à la gloire de nos loa’mait’têt’ et marquant nos dérives s’étant imposé comme composante, il nous parait intéressant de le présenter. Non seulement afin d’ancrer nos participations suivantes à ce propos dans leur contexte, mais également, toujours dans une perspective de partage des hymnes à la gloire des loa’mait’têt’ ou passagers des participants qui viendront enrichir cette expérience. Le notre reste un classique :

http://www.deezer.com/track/39163

Horses représente l’essence de ce que peuvent être nos loa et donc une part de notre psyché etc. C’est aux aspirants de définir celui qui convient à leur expérience.

Les chants eux occupent une autre part. Il peut bien évidemment s’agir d’hymnes scandés lors des dérives, mais également de chants spontanés provoqués par les figurants ou les éléments participant à l’expérience. Ainsi, nous avons et continuons de chanter la gloire d’un oiseau misérable, immobile qui s’était présenté à nous lors d’une station sous un pont-nexus nommé arbitrairement mamie-watta sous la forme « mamiewataaaa pou’koi’ ne bouj’tu pas» etc, la suite dépend du degrés d’alcoolémie, des évènements récents etc. Pur exemple.

En ce qui concerne la restitution des expériences, la narration nous parait, de notre côté parfois inutile et préférerons sans doute une expression morcelée parfois illustrative, mais dont la forme n’est pas « calibrée » et ne vise que l’exploration collective de la prairie, la rencontre avec d’autres loa, d'autres systèmes etc.


by Zeus-Agent Scully & Inila-Agent Mulder