Praxis Sylva : Ensemencer le Champ en Jachère avec la Lumière des Etoiles


Textes orignaux et photo de croix sorcière par Daniel Schulke
Traduction française par Siduri Devi


Celui qui traverse les portes du Minuit de l’Eden doit sacrifier au Démon du Champ en Jachère, Maître des Arts Secrets du monde végétal, et pour cela doit se rendre aux environs solitaires de sa résidence. Le Rite permet au Chercheur Errant d’offrir chair et Esprit à l’Homme Vert sans Nom, et de préparer son Corps de Lumière pour le bon Travail du Jardin. La préparation du sacrifice est une occasion solennelle : réalise-la pendant les heures d’obscurité, dans la solitude. L’offrande est faite sous la forme d’un fétiche cruciforme suffisamment grand pour couvrir la poitrine ; on prendra deux bâtons qu’on liera en forme de Croix par une chaîne ou une ficelle grossière. Cherche des morceaux de vieux bois, voire de bois pourri pour cette offrande ; plus il sera misérable et rongé par les vers, mieux ce sera. Dans son acte de création de la croix, que le Chercheur contemple toutes les routes qui l’ont amené jusqu’ici, et qu’il considère toutes celles qu’il n’a pas prises. Lorsque la Croix est faite, il faut la teindre avec le sang du Chercheur, et la bénir par trois fois avec la Rune du Treille Tortueux pour sceller l’œuvre. L’offrande doit alors être enveloppée dans une toile et emmenée de nuit et dans la solitude dans un champ en jachère, ou autre lieu de culture passée qui aura retrouvé son état sauvage. Dans l’obscurité, un trou peu profond doit être creusé, en guise de tombe pour le Moi Profane. A présent, verse du lait, du miel ou du vin à l’intérieur, en guise d’offrandes aux Morts et à leur Roi. Lorsque ceci est accompli, la tombe est tapissée de petites pierres ; sur ces dernières, un feu est allumé avec du bois mort ramassé aux environs. Supplie et prononce la prière adressée au feu qui brûle dans la tombe :

J’allume cette lampe pour le Démon du Champ en Jachère.

Au feu chaud et vif qui brûle dans la tombe, offre le Fétiche de Crucifixion, laisse-le brûler en silence, et recouvre ses cendres avec de la terre. Lorsque le sacrifice aura été enterré, ferme tes yeux et conjure la vision de ton propre corps, couché et enfoui sous le sol. Avec le passage des saisons, toute chair est dépouillée pour ne laisser que les os. Cette image du squelette du Chercheur est à présent fixée par l’œil de l’esprit ; seule est ressentie la terre du Champ de Négation, tout le reste étant devenu comme absent. Puis, vois le blanc lustré des os se couvrir de verdure, s’épanouir sous diverses formes, racines sous la terre, tiges émergeant du sol. Laisse ta vision progresser et vois les os grandir sous la forme d’un arbre solide et plein de santé, ses racines vigoureuses s’étendant au point d’envahir la haie, le champ, et le Chercheur lui-même. Laisse cette vision s’emparer de tous tes sens, puis laisse-la se disperser sur l’étendue du champ et parmi les étoiles. Alors le Chercheur tournera le dos en silence au corps qu’il a enterré, et quittera le champ en jachère sans se retourner.



Rune du Treille Tortueux

C’est par la Véritable Croix que se gagne le droit d’entrée :
Que le pélerin soit transpercé, que le Bois Vert soit maculé.
Quatre Bras possède la Croix des Vergers de l’Art :
Le Cinquième de ces Bras est le Crucifié en son Cœur.
A présent, En-Haut, lie-toi à l’En-Bas, et Toi Bois, lie-toi à la Peau.
Puissent les Runes des Anciens resplendir dans l’Immolation.
Par le Bois Béni de l’Arbre du Sacrifice,
Et par le Mot de Salut,
Ce meurtre est accompli.

Sort des pouvoirs quadruples de la Croix

Arbre Sacré sur lequel sont suspendus les Trois Mondes,
Délivre ton parfait enseignement.
Car me voici, cloué dans ma Chair et dans mon Sang,
Mystère de l’Esprit manifesté dans la Demeure de l’Homme,
Offrande au carrefour du Destin.
Descendez, Pouvoirs Célestes, par la voie de la Couronne.
Elevez-vous, Pouvoirs Infernaux, par la voie des Pieds.
Par la main gauche, tous les esprits profanes se dispersent
Par la main droite, tous les esprits saints sont réunis.
Entre les mains, puisse le Bon Conseil du Cœur régner.

Les Quatre Routes de l’Âme
Guident les Quatre Rivières du Paradis ;
Qu’elles ne forment plus qu’Un avec le Cercle de l’Art,
En osmose avec le Pouvoir du Grand Arbre
Dont le bois engendre les icônes des dieux.
Arcane du Deux et du Soixante-dix,
Par le Pouvoir de l’étoile à cinq branches
Tu es lié tel le Cercle du Bosquet tout entier.
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Praxis Sylva : Le Conseil du Taillis

Pars, Chercheur, avec pour seuls bagages suffisamment de provisions pour couvrir tes besoins de nourriture, de boisson, de quoi te protéger des aléas météorologiques ; et ce, vers un lieu solitaire planté par la Main de la Nature, suffisamment isolé pour être un sanctuaire qui ne sera pas perturbé par quelque intrusion. Arrive à destination à l’aube et tiens-toi alors comme un Arbre, tel un veilleur de jour ; car tu es venu depuis l’Ombre vers la Lumière du Bosquet, où, si les dieux le veulent, la Materia Prima descendra jusqu’à toi.

Dans un silence parfait, demeure sous les branchages, ton esprit vidé de tout, même des pensées relatives à ta présente dévotion. Inspire profondément, puis étire tes sens sur le vent, comme des ailes, en parfaite réceptivité. Offre l’intégralité de ta chair à la Terre tel un Rex Nemorensis, Roi du Bosquet, dont le trône chenu est gagné par le meurtre, et dont la souveraineté est vouée au sacrifice.

Dans ta dévotion, ne fais aucun mouvement, car c’est le bois qui autour de toi se mouvra ; ne parle pas mais écoute, car la Forêt, en temps propices, fait entendre sa voix. Prends bonne note des conseils de l’assemblée des arbres, car la Sagesse est tout autour de toi ; Réalise ta dévotion solitaire par la voie du souffle, car par ta respiration tu es devenu Un avec le Buisson. Voici le Bosquet de ton Instruction, le lieu du commencement, où les Dieux Anciens rendirent le Jardin manifeste en des Temps Reculés, où les anges emplis de puissance chutèrent. En ce lieu, que ton Premier Acte soit de planter ton Cœur en guise de Première Graine, afin que la treille de la Connaissance puisse grandir.

Tiens-toi tel un Arbre, en défiance de la mortalié terrestre, et éveille-toi en ce lieu parmi les branches ; accepte les signes qui te sont donnés sans chercher d’explication. Par le froissement des feuilles, le craquement du bois, et le parfum de la fleur, connais la voix de ton Maître. Dans les hiéroglyphes de la mousse, de l’écorce et des bâtons sur le sol, lis le Livre de l’Apprentissage. Sois témoin du lien béni entre Bête et Arbre, et observe comme la Verdure du Bois est régulé par des lois uniques et certaines gouvernances. Contemple la procession des Herbes qui grandissent et qui meurent, et observe avec un regard neuf le passage des âges. Tiens-toi tel un Arbre et apprend ce qu’aucun homme et aucune femme ne peut enseigner, et quand enfin tu sauras, écris tout non pas sur du papier, mais sur les pages de ton âme.

Tiens souvent ce Conseil du Taillis, ainsi que celui de tes frères et de tes sœurs, car une telle Communion doit servir le Chercheur et le Maître comme Un.


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